jeudi 3 octobre 2013

Le Petit guide relationnel du tango argentin

Nous avons découvert un petit livre électronique (e-book) intitulé "Le Petit guide relationnel du tango argentin", qui expose les principales difficultés auxquelles peuvent être confrontés les danseurs de tango au cours de leur apprentissage. Il décrit en particulier les tensions qui peuvent naître entre les partenaires de danse, mais aussi avec les autres danseurs durant la Milonga (le bal de tango).

Fort de ce constat, cet ouvrage propose un certain nombre de solutions et d'exercices pratiques pour prévenir les conflits et améliorer la communication entre les partenaires de danse. L'objectif étant d'arriver à une relation la plus harmonieuse et équilibrée possible, sans basculer pour autant dans la "tangothérapie". L'idée de ce guide n'est en effet pas de soigner le couple grâce au tango, mais de faire en sorte que la pratique et l'apprentissage du tango reste un plaisir pour le couple, malgré les difficultés inhérentes à cette danse à deux.

Ce qui nous a plu dans cet ouvrage :
- pouvoir lire noir sur blanc que les autres aussi rencontrent les mêmes difficultés, appréhensions, et sujets de tension (c'est un peu mesquin mais ça fait du bien de ne pas se sentir seuls !!) ;
- les conseils pratiques, parfois des petites choses toutes bêtes que l'on néglige à tort sans même s'en apercevoir (comme dormir suffisamment par exemple !) ;
- l'incitation et les exercices pour se mettre davantage à la place de l'autre, et comprendre ainsi ses difficultés et réactions.

Après notre année dédiée au tango à Buenos Aires, les conseils prodigués dans ce livre nous paraissent pertinents. C'est pourquoi nous avons décidé de dédier un article au Petit guide relationnel du tango argentin. Si cet ouvrage vous intéresse, vous pouvez l'acquérir sur le site de l'éditeur online Nés au Tango en cliquant ici.

mercredi 4 septembre 2013

10 000 pages lues sur notre blog !!

Ca y est, nous avons atteint les 10 000 pages lues sur notre blog depuis son ouverture !

Merci à tous nos lecteurs, réguliers comme occasionnels.

Notre retour en France approche, mais nous continuerons à alimenter le blog avec les articles que nous n'avons pas encore eu le temps de rédiger à ce jour.

Un abrazo !
C et F.

mardi 3 septembre 2013

Le code de conduite des chauffeurs de bus argentins

Les chauffeurs de bus argentins ont un code de conduite bien spécifique, qu'il se révèle utile de connaître pour réaliser un voyage en bus sans trop de casse ni de frustration à Buenos Aires :

1. Lorsqu'il arrive à son arrêt de bus, à un feu rouge, ou à tout autre "obstacle" sur son parcours, le chauffeur de bus argentin ne freine pas progressivement. Il accélère au maximum, et pile au dernier moment. Tant pis pour  les passagers imprudents qui ne se tiendraient pas fermement...

2. Le chauffeur de bus argentin ne freine pas avant de tourner. Il accélère d'abord, puis freine dans le virage, assurant un bel effet de force centrifuge, pour le plus grand mal-bonheur des passagers, projetés contre les vitres.

3. Le chauffeur de bus argentin ne tourne pas dans les rues en faisant un bel angle droit. Il prend la trajectoire la plus courte : une belle diagonale, et tant pis pour pour les piétons qui n'auraient pas tourné suffisamment la tête avant de traverser.

4. Lorsqu'il voit un piéton traverser la chaussée sur sa trajectoire, le chauffeur de bus argentin ne freine pas, il klaxonne, accélère, et si possible lance une petite insulte destinée au malheureux piéton, même si ce dernier empreinte le passage clouté.

5. S'il voit des passagers lui faire signe de s'arrêter à son arrêt de bus, le chauffeur argentin ne se sent pas obligé de les prendre. S'il estime que son bus est suffisamment plein (à juste titre ou non), ou simplement qu'il n'a pas envie de perdre du temps à faire son métier (faut pas pousser quand même), le chauffeur argentin continue sa course comme si de rien n'était, plantant là les passagers qui attendent le bus depuis peut-être déjà 20 minutes, voire plus si le chauffeur de bus précédent a eu la même attitude. S'il est "magnanime", il s'arrêtera un peu avant ou un peu après l'arrêt afin de permettre de descendre à ceux qui le souhaiteraient, sans risquer de faire monter de nouveaux passagers. Habile !

6. Dans les cas où le chauffeur de bus argentin déciderait de s'arrêter à son arrêt, il n'attend pas l'arrêt complet de son véhicule avant d'ouvrir les portes. Il n'attend pas non plus que les passagers soient entièrement descendus pour commencer à les refermer. Passager, prépare-toi à sauter en route !

7. De même, le chauffeur de bus n'attend pas que les passagers soient entièrement montés dans le bus pour démarrer. L'idée est que chacun comprenne bien que le chauffeur est pressé, et que le transport de passagers n'est pas sa priorité.

8. Quand les passagers montent dans le bus, le chauffeur ne les salue pas d'un "bonjour", mais de plusieurs formules destinées à souligner qu'il n'a pas que ça à faire. Au choix : "listo?" (c'est bon ? sous-entendu exaspéré : on peut y aller ?), "arriba" (montez), "cierro la puerta" (je ferme la porte).

9. Enfin, non seulement les chauffeurs de bus argentins ont la fâcheuse tendance de ne pas s'arrêter à leurs arrêts, mais en plus ils s'énervent quand les passagers appuient à plusieurs reprises sur la sonnette pour signifier qu'ils veulent descendre. Dans ces cas là on entend un râle du style "pas la peine de vous acharner sur la sonnette, je ne suis pas sourd". Ah bon...

On vous aura prévenus...

Blague à part, le bus est un moyen de transport quasi indispensable à Buenos aires si l'on ne veut pas se ruiner en taxi (certes moins chers qu'en Europe, mais les salaires argentins sont aussi beaucoup plus bas), ce qui oblige les Portègnes à supporter ces désagréments avec le sourire s'ils ne veulent pas finir le trajet à pied. Les chauffeurs semblent être payés au nombre de tours, d'où leur tendance à ne pas s'arrêter si la montée des voyageurs leur paraît prendre trop de temps.

samedi 17 août 2013

Le championnat du monde de Tango (Festival y Mundial de Tango)

Du 14 au 27 août se déroule le championnat et festival mondial de Tango 2013, appelé "Le mondial" pour les intimes.

Pour cette 11ème édition, le programme du festival est très chargé, proposant sur 2 semaines :
  • autour de 90 concerts alternant célèbres orchestres, interprétation traditionnelle du tango, créations nouvelles, programmation spéciale pour les enfants, etc.
  • une trentaine de cours de tango gratuits et animés par des maestros renommés (Pablo Veron, Milena Plebs, Gloria et Eduardo Arquimbau, Sebastian Arce, Javier Rodriguez et Noelia Barsi, Lorena Ermocida, etc.)
  • 16 milongas
  • 4 conférences
  • 8 spectacles de danse montés par des compagnies et danseurs réputés comme Juan Carlos Copes, la Compañia Tango Metropolis, la Compañia Maximiliano Martino Avila, le nouveau spectacle Millenium Tango Concert, etc.
La majorité de ces activités sont gratuites et nécessitent simplement le retrait d'un ticket avant l'heure prévue. Nous tenons à souligner le caractère exceptionnel de cette gratuité, la plupart des festivals de tango organisés dans le monde étant payants car ils sont organisés par des associations et petites structures. Cette gratuité, rendue possible par la prise en charge du financement du festival par les pouvoirs publics, participe à l'immense succès de cet événement, qui attire chaque année quantité de touristes venus tout spécialement des quatre coins de la planète.

Pour plus de détails, vous pouvez retrouver le programme ici et sur le site Internet du festival.

La plupart des activités se déroulent au "Centro de Exposiciones" dans le quartier de Recoleta, mais d'autres ont aussi été organisées à la "Usina del Arte" (quartier de La Boca), à "El anfiteatro del parque centenario" (quartier de Caballito), au "CCC Teatro 25 de Mayo" (quartier Villa Urquiza), et enfin au "Luna Park" (quartier San Nicolas).

Pour l'occasion, le Centro de Exposiciones a été entièrement décoré aux couleurs du festival : en rose et jaune.

Centro de Exposiciones
 
hall du Centro de Exposicones
Hall du Centro de Exposiciones

Accueil du Centro de Exposiciones


A l'intérieur, une grande piste de danse a été aménagée au centre de la salle principale, au fond de laquelle se trouve également la scène pour les spectacles, concerts, et épreuves de qualification du championnat (voir ci-dessous).

La piste de danse du Centro de Exposiciones

La scène de spectacles et des épreuves de qualification

La piste de danse


Enfin, plusieurs stands de boutiques spécialisées en articles de tango sont installés sur les côtés de la salle. Il va sans dire que la part belle est faite aux chaussures de tango, plus colorées et brillantes les unes que les autres, mais l'on peut également trouver des tenues de soirée ou encore des livres et disques de tango. Nous n'avons pas vérifié les prix des articles, mais pour les personnes pressées qui veulent pouvoir comparer les marques de chaussures de tango sans avoir à faire le tour de la ville, ce rassemblement de stands est du pain béni.

Stand de chaussures de tango

Stand de chaussures de tango


Un festival, certes, mais surtout un championnat

Bien évidemment, l'événement qui attire le plus de monde dans ce festival est le championnat, qui permet d'acquérir pour un an le titre de champion mondial de tango.

Deux catégories

Les participants au championnat peuvent concourir dans deux catégories : la catégorie "Tango de Pista" et la catégorie "Tango Escenario".

Le "Tango de pista", également appelé "Tango Salón", se réfère au tango "social", traditionnellement dansé dans les milongas (bals de tango). Ses caractéristiques sont les suivantes : le maintien d'un abrazo (enlacement des partenaires) proche, fermé, la réalisation de figures les pieds toujours en contact avec le sol, un déplacement continu sur la piste dans le respect du sens du bal (inverse aux aiguilles d'une montre) et sans doubler les couples devant soi. L'objectif étant de danser dans l'espace disponible sans gêner les autres couples évoluant sur la piste.
Il est précisé dans le règlement du championnat que toutes les figures devront pouvoir être réalisées au sein de l'espace délimité par l'abrazo du couple, cet abrazo pouvant être un peu élastique pour la réalisation de certaines figures, mais que toutes les figures impliquant une perte de contact des deux pieds avec le sol, tels les sauts ou les autres figures caractéristiques du Tango Escenario sont interdites.

Le "Tango Escenario" (tango de scène, ou de spectacles), renvoie ici à une forme beaucoup plus libre d'interprétation du tango argentin, où il est possible de rompre l'abrazo à certains moments et d'intégrer des figures et des techniques d'autres disciplines comme des sauts, des portés, etc, dans la mesure où ces éléments apportent un plus à l'interprétation du tango choisi (la musique). Pour autant, le règlement du championnat spécifie que ces éléments extérieurs ne doivent pas dépasser 1/3 des éléments de la chorégraphie, cette dernière devant obligatoirement intégrer certaines figures classiques du tango argentin : les ochos, les giros, las caminatas largas, les voleos, les ganchos y l'abrazo milonguero.

Qui peut participer au championnat mondial de tango ?

Contrairement au championnat de tango de la ville de Buenos Aires (campeonato de baile de la ciudad), le championnat mondial de tango est ouvert à tous, sous réserve d'avoir plus de 18 ans, des papiers d'identité en règle (passeport en cours de validité pour les étrangers), et de s'inscrire avec un partenaire (et oui, le tango est une danse de couple...).

Les procédures d'inscription et d'accréditation


En revanche, toujours à la différence du championnat de la ville de Buenos Aires qui se tient chaque année au mois de mai, il est impératif de s'inscrire au préalable. Cette année, les inscriptions étaient ouvertes du 1er au 31 juillet. Passé ce délai, il n'est plus possible de participer au championnat. L'inscription peut se faire directement sur le site Internet du festival, ou dans les locaux des organisateurs aux horaires d'ouverture indiqués sur le site Internet. L'inscription est ensuite confirmée par un mail indiquant le numéro attribué au couple pour la compétition.

Lors de l'inscription, il convient de préciser :
- dans quelle catégorie l'on souhaite se présenter : Tango de Pista et/ou Tango Escenario. Dans le cas du tango Escenario, il est nécessaire d'indiquer le nom et la version (l'orchestre) du tango que l'on souhaite danser.
- la ville que l'on veut représenter : il s'agit de la ville de résidence figurant sur les papiers d'identité d'au moins un des deux partenaires (à eux de choisir s'ils résident dans des villes différentes).

Ensuite vient la phase d'accréditation (acreditación) : durant les premiers jours du festival, les participants inscrits doivent passer retirer leur numéro et leur horaire de passage pour les rondes de classification (voir ci-dessous).

Trois étapes de qualification

Dans les deux catégories de la compétition,la qualification se fait en trois étapes :

1. Les rondes de qualification (rondas clasificatorias)

Dans le cas du Tango de Pista
Comme pour le championnat de tango de la ville de Buenos Aires du mois de mai, la première étape est constituée de rondes de qualification : chaque couple accrédité à participer au championnat est invité à danser 3 tangos au sein d'une ronde d'une dizaine de couples (12 maximum) devant un jury de 5 personnes choisies parmi les professeurs et danseurs de tango réputés d'Argentine. Les tangos diffusés sont annoncés au début de chaque ronde, une fois les couples en place sur la piste. Ils ne sont donc pas connus à l'avance, dans la mesure où le Tango de Pista est une danse d'improvisation.
Chaque couple doit se présenter durant deux jours consécutifs, au même horaire (obtenu lors de l'accréditation). Cette année, les rondes de qualification de Tango de Pista ont lieu les lundi 19 et mardi 20 août.
Les éléments fondamentaux pris en compte par le jury sont les suivants : la musicalité, la connexion entre les partenaires de danse et l'élégance dans la marche. Le choix vestimentaire des participants ne constitue pas un critère de qualification. Chaque membre du jury attribue à chaque couple un nombre de points compris entre 1 et 10, et une moyenne est ensuite établie entre les notes attribuées par chacun des jurés.
Les 72 couples ayant obtenus le plus de points sont qualifiés pour la demie-finale.

Dans le cas du Tango Escenario
Pour le Tango Escenario, chaque couple accrédité doit réaliser sa chorégraphie seul devant le jury sur la musique choisie et transmise au préalable aux organisateurs du championnat.
Comme pour le Tango de Pista, chaque couple doit se présenter durant deux jours consécutifs : les mercredis 21 et jeudi 22 août cette année. Les couples ayant obtenus le plus grand nombre de points sont également qualifiés pour la demie-finale.
Dans cette catégorie, le choix vestimentaire des participants pourra être un critère d'évaluation.
Les 37 couples ayant obtenu le plus de points sont qualifiés pour la demie-finale.


2. La demie-finale

Pour chacune des deux catégories, la demie-finale est organisée sur une seule journée  : le vendredi 23 août pour le Tango de Pista, et le samedi 24 août pour le Tango Escenario.
Les modalités de déroulement sont les mêmes que celles des rondes de qualification, mais le jury s'étoffe légèrement, passant de 5 à 6 membres.

Pour cette étape, s'ajoutent aux couple sélectionnés lors des rondes de qualification les gagnants des différents championnats nationaux et internationaux (ayant obtenu entre la 2ème et la 5ème place) de l'année en cours, accrédités pour le championnat mondial.

Ainsi, pour le Tango de Pista, 28 couples supplémentaires viennent s'ajouter aux 72 couples sélectionnés, portant à 100 le total de demis-finalistes. Parmi eux, seuls les 37 couples ayant obtenus les scores les plus élevés sont qualifiés pour la finale.

Pour le Tango Escenario, 13 couples supplémentaires viennent s'ajouter aux 37 couples sélectionnés, portant à 50 le total des demis-finalistes. Parmi eux, seuls les 19 couples ayant obtenu les scores les plus élevés sont qualifiés pour la finale.

Côté spectateur, la demie-finale est gratuite, mais il est nécessaire de retirer ses places au préalable.


3. La finale

La finale du Tango de Pista sera organisée cette année le lundi 26 août, et celle du Tango Escenario le mardi 27 août, au Luna Park, clôturant ainsi le festival et le championnat.

Là encore, les champions (1ère place) de certaines compétitions nationales et internationales viennent d'ajouter aux 37 couples sélectionnés en demie-finale.
Ainsi, pour le Tango de Pista, 3 couples supplémentaires viennent se greffer aux 37 finalistes : les gagnants du championnat de tango de la ville de Buenos Aires dans les catégories Tango Adulto et Tango Senior, ainsi que les gagnants du championnat de tango européen.
 Pour le Tango Escenario, un seul couple supplémentaire vient s'ajouter aux 29 finalistes : les champions d'Europe dans la catégorie Escenario.
Pour résumer, il y aura 40 couples finalistes en Tango de Pista, et 30 en Tango Escenario.

Les modalités de sélection sont les mêmes que pour les étapes précédentes, avec l'ajout d'un membre du jury supplémentaire, portant le total des jurés à 7.

Côté spectateur, l'accès à la finale nécessite l'achat de places au préalable.
Côté participants, tous les couples accrédités à concourir, qu'ils aient réussi à se qualifier ou non, recevront deux places pour assister gratuitement à la finale dans la catégorie où ils auront concouru.
Ceux qui auront réussi à se qualifier en demie-finale et en finale recevront en outre 2 places supplémentaires pour chaque étape de qualification obtenue (chaque couple demi-finaliste aura donc 4 places spectateur en finale, et chaque couple finaliste en aura 6).

Les champions de chacune des deux catégories recevront la somme de 40 000 pesos, ainsi qu'un aller-retour Buenos Aires - Paris avec Air France.
Les gagnants de la 2ème à la 5ème place recevront aussi des prix spécifiques.


jeudi 1 août 2013

Le plat du jour : le locro

A chaque saison ses plats. Nous voici en hiver dans l'hémisphère sud, c'est pourquoi nous avons choisi de vous présenter un des plats hivernaux traditionnellement consommés en Argentine : le locro.

Le locro, késaco ?


Il s'agit d'un ragoût préparé à base de maïs, de haricots blancs, de courge ou encore de pommes de terre, auquel on ajoute de la viande fraîche ou séchée, des tripes ou encore des abats.



Le locro est originaire de la Cordillère des Andes tout au long de laquelle il est largement consommé. Selon les régions et les pays, la recette connaît des variantes, mais le principe reste le même.

En Argentine, il est souvent servi accompagné d'une sauce épicée : le quiquirimichi. Cette sauce est composée d'huile, d'ail moulu, de poireaux, de piment, d'oignon et de sel. On distingue le "locro suculento" également appelé "locro pulsudo", qui est riche en ingrédients variés et d'une consistance dense; et le "huaschalocro" (du quecha "wakcha luqru" signifiant "locro pauvre") préparé sans viande et avec le minimum d'ingrédients.

Un plat régional au rayonnement national


Le locro est en outre traditionnellement consommé lors des deux commémorations nationales de la patrie argentine :
- le 25 mai, date anniversaire du 25 mai 1810 où fut établit le premier gouvernement argentin "la Primera Junta" (indépendance de facto de l'Argentine) ;
- le 9 juillet, date anniversaire du 9 juillet 1816 où fut proclamée officiellement la nation argentine.

samedi 27 juillet 2013

La Milonga du Sunderland Club

Tous les samedis soirs de 22h30 à 4h00 se tient au Sunderland Club l'une des milongas les plus connues de Buenos Aires. Anciennement appelée "Milonga del Mundo", il s'agit maintenant de la milonga "Malena" organisée depuis quelques mois par Liliana et Jorge Rodriguez (papa du célèbre danseur de tango Javier Rodriguez, ancien partenaire de la non moins connue Geraldine Rojas).


Comme la Villa Malcolm, le Sunderland Club est un club de sport qui met son espace à disposition des organisateurs de milongas et des professeurs de tango. Néanmoins, l'ambiance du Sunderland Club est beaucoup plus "sportive" qu'à la Villa Malcolm, dans la mesure où la milonga se tient directement dans le gymnase. La piste de danse est ainsi entourée de divers paniers de basket et les danseurs évoluent sur les marques des terrains de basket, football, etc.

Piste de la Milonga du Club Sunderland




Il va sans dire que la sonorisation de la salle est elle aussi conforme à celle d'un gymnase : les sons résonnent, et le brouhaha des participants attablés autour de la piste peine parfois à être recouvert par la musique.
De même, l'isolation thermique de la salle est très approximative, et il est sage de venir avec des vêtements chauds en hiver, et légèrement vêtu en été.

Mais ce n'est pas ça qui empêche les habitués de venir, ni les aficionados de tango du monde entier, car la milonga du club Sunderland  attire justement pour son côté rustique. C'est une milonga de quartier qui a su conserver son ambiance initiale : ici pas de chichi, pas de décoration ni de mise en scène sophistiquées, le plaisir naît des retrouvailles hebdomadaires des habitants du quartier (qui n'hésitent pas à venir en famille) et des tangueros portègnes.
On se retrouve assis autour de grandes tables à tréteaux et sur des chaises en plastique pour manger un morceau de plats typiquement argentins, servis très généreusement et pour un prix modique par le restaurant du club. 



Si la sonorisation laisse à désirer, les morceaux de tango sont quant à eux soigneusement choisis par l'un des DJ les plus connus de la capitale : Mario Orlando. Quant au niveau des danseurs, il est souvent élevé car la milonga du Club Sunderland est fréquentée par de nombreux danseurs professionnels, parfois sur plusieurs générations.
Si les touristes passionnés de tango ne manquent pas non plus de venir à ce rendez-vous hebdomadaire, ils sont généralement un peu moins nombreux que dans d'autres milongas incontournables de Buenos Aires car le Club Sunderland est situé dans un quartier excentré de la ville (Villa Urquiza) où l'offre de bus est plus limitée.


mercredi 24 juillet 2013

Le dulce de leche


Très répandu en Amérique du Sud, le dulce de leche est un élément incontournable de la gastronomie argentine : on le retrouve dans la quasi-totalité des desserts (gâteaux, flans, cakes, glaces, pancakes), viennoiseries et autres sucreries. On pourrait même presque affirmer qu'un dessert sans dulce de leche est comme un jour sans pain, un plat sans sel, une planète sans soleil, etc. Bref, c'est la misère !

Mais qu'est-ce que c'est exactement ?
Il s'agit tout simplement de l'équivalent sud-américain de la confiture de lait que l'on peut aussi trouver en France. En gros, c'est du lait sucré cuit jusqu'à sa caramélisation.
Bon évidemment, les puristes expliqueront qu'il existe toute une gamme de dulce de leche, et que chaque pays, chaque région, pour ne pas dire chaque famille, a sa propre recette et son propre savoir-faire.
D'ailleurs, chaque pays producteur se dispute l'invention du dulce de leche, même si faire cuire du lait trop longtemps a dû arriver bien souvent à bien des personnes au cours de l'histoire....

Dans ces conditions,  il va sans dire que les rayons "dulce de leche" des supermarchés atteignent des dimensions pour le moins inhabituelles pour nos esprits français :

Rayon "dulce de leche" d'un supermarché


Surtout qu'à côté de ça, il est très difficile de trouver des pots de Nutella, notre "dulce de leche" à nous (merci Ferrero!).

De même, toutes les marques de desserts et de sucreries ont bien compris l'importance de la confiture de lait dans les habitudes alimentaires argentines : toutes proposent ainsi des variantes au dulce de leche : crèmes Danette au dulce de leche, biscuits Oreo au dulce de leche, chocolat Nestlé ou Milka au dulce de leche, glace Magnum au dulce de leche, etc.

Bref, vous l'aurez compris, si vous voulez rendre un Argentin heureux, offrez-lui un pot de dulce de leche.

dimanche 9 juin 2013

Rites de préparation et de dégustation du maté (le maté 2/2)

 La dégustation du maté se doit de respecter un certain rituel. Il n'est certes pas aussi élaboré que la cérémonie du thé en Extrême-Orient, mais il convient tout de même de respecter plusieurs étapes, que ce soit dans la préparation du maté ou dans sa consommation proprement dite.

Comment préparer le maté ?

 

Avant toute chose, sortez tout le matériel nécessaire à la préparation du maté : la bouilloire, le thermo, le maté (gobelet), la bombilla, la yerba mate :



Vous êtes prêt ? Voici donc les quelques étapes à suivre pour préparer un maté digne de ce nom :

 

1. Faites chauffer l'eau

Jusque-là c'est facile, mais attention, nous avons dit "chauffer" et non "bouillir". Idéalement, la température idéale pour l'eau du maté se situe entre 70 et 85°C, afin de ne pas cuire les feuilles de yerba mate (prononcer "cherba maté") et de conserver leurs propriétés nutritionnelles (voir notre article précédent).
Si vous n'avez pas de thermomètre de cuisson, comme le commun des mortels, arrêtez la cuisson de l'eau avant ébullition, et le tour sera joué. Évidemment cela implique de surveiller sa bouilloire comme le lait sur le feu...


2. Versez l'eau chaude dans le thermo


Une fois que votre eau a atteint la température idéale, versez-là dans votre thermo afin de conserver cette température durement obtenue. Elle servira ultérieurement pour les nombreux services de maté qui vous attendent (voir ci-après).

3. Versez la yerba mate dans le maté

Alors pour ceux qui n'auraient pas suivi : la yerba mate ou "mate" se réfère à la plante que l'on va infuser, et le "mate" renvoie ici au gobelet dans lequel on sert le maté (la plante). Oui oui, c'est le même mot....(voir notre article précédent).
Donc, remplissez votre maté (gobelet) aux 3/4 ou aux 4/5 environ avec du maté (la plante). Cela doit donner à peu près ceci :



Vous laissez ainsi suffisamment d'espace pour l'eau pour éviter :
- que les gorgées ne soient trop courtes
- de risquer de faire déborder le maté à chaque fois que vous allez servir.
 Mais vous conservez une place suffisamment importante à la yerba mate pour ne pas servir une infusion complètement noyée et insipide.

4. Secouez pour enlever la poussière

Bouchez votre maté (gobelet) avec la paume de votre main, et secouez-le fortement mais brièvement en le retournant de temps en temps afin d'enlever une partie de la poussière de feuilles de yerba mate pulvérisées :



En retirant votre main, vous verrez alors en effet un petit dépôt de poussière verte :



Recommencez l'opération 2 ou 3 fois, mais ne vous acharnez pas non plus car le combat est perdu d'avance....
L'intérêt de la manœuvre est de rassembler les particules les plus fines de la yerba mate dans la partie supérieure du maté (gobelet), les éloignant ainsi au maximum du fond du maté où sera insérée la bombilla (paille en métal). Cela réduit ainsi le risque que le filtre de la bombilla ne se bouche ultérieurement.

5. Formez un monticule de yerba mate dans votre maté

Vous avez rempli votre mate de yerba mate, vous avez enlevé la poussière, il reste maintenant à disposer la yerba mate de manière idoine.
Inclinez votre maté, ce qui a pour effet de répandre la yerba mate le long d'une des parois du maté, et faites légèrement tourner votre maté sur lui-même dans votre main en conservant cette position inclinée et en faisant mine de le tasser :


Redressez ensuite tout doucement votre maté en veillant à ce que le monticule de yerba mate ainsi formé ne s'effondre pas :




Cet amas de yerba mate incliné, avec une majorité de particules fines en haut et une majorité de feuilles et morceaux de tiges en bas permettra par la suite une infusion de qualité avec une concentration et un goût constant entre chaque nouveau remplissage d'eau.

6. Versez l'eau dans le maté

Versez ensuite l'eau chaude dans l'espace vide du maté, toujours en veillant à ne pas faire s'effondrer le monticule, ni à le recouvrir totalement : la partie supérieure de la yerba mate doit pouvoir rester sèche le plus longtemps possible.
Notons que certains préconisent de verser de l'eau froide dans un premier temps. Veillez dans ce cas à utiliser une eau neutre en goût (eau minérale ou eau du robinet non saturée de produits chimiques).







7. Insérez la bombilla

Attendez 1 à 2 minutes que la yerba mate ait absorbé l'eau, et insérez la bombilla dans le maté.
Procédez de la manière suivante : bouchez l'extrémité de la bombilla avec votre pouce pour éviter qu'elle ne se bouche, et insérez-la légèrement en biais dans la yerba mate humide jusqu'à toucher avec son extrémité filtrante le fond du maté et le bord opposé en-dessous du monticule. Vous pouvez même soulever légèrement le monticule pour vous assurer que vous avez bien atteint le bon endroit.



A partir de cette étape, la bombilla ne sera plus touchée avec les mains jusqu'à la fin de la dégustation du maté.


8. C'est prêt !



Vous pouvez déguster votre maté en aspirant l'eau avec la bombilla. Une fois toute l'eau aspirée, rechargez le maté avec l'eau de votre thermo, toujours en évitant de noyer le monticule de yerba mate.

Ah oui un petit détail : le goût...


Si c'est votre première dégustation de maté, préparez-vous psychologiquement car le maté a un goût très......comment dire ? ...... "spécial"..... lorsque l'on n'y est pas habitué.

Le goût est en effet très amer et fumé. Plusieurs personnes disent même avoir l'impression de boire un cendrier.
Dans tous les cas la première gorgée est inoubliable, de même que l'expression du visage qui traduit la sensation de celui qui boit :-).

Mais c'est comme pour tout : avec un peu de persévérance l'on s'habitue et l'on apprend même à apprécier. Et soyons honnêtes : qui a vraiment aimé le café sans sucre la toute première fois qu'il a essayé ?
Les Argentins sont d'ailleurs nombreux à sucrer leur maté...



Dégustation du maté : cérémonial et impairs à éviter

Maintenant que vous savez tout de la préparation technique du maté, abordons pour finir le cérémonial de dégustation afin de faire bonne figure auprès de vos connaissances et amis argentins.

Une information au préalable qui a son importance : le maté se partage, c'est-à-dire qu'il n'y a qu'une seule tasse et une seule bombilla, qui sont utilisées successivement par chacune des personnes présentes. Autrement dit : tout le monde boit dans le même maté et avec la même bombilla. Si cela vous rebute, il faudra passer outre, ou bien passer votre tour.

Cérémonial

 

Lorsque plusieurs personnes sont réunies autour d'un maté, tout le cérémonial est assuré par la personne ayant préparé le maté (appelée "el cebador"). C'est donc elle qui va se charger de l'ensemble du service ("cebar el mate") :
- elle remplit le maté d'eau chaude
- le tend à son voisin
- ce dernier le lui rend une fois toute l'eau aspirée
- elle remplit de nouveau le maté d'eau chaude
- le tend au voisin de son voisin
- ce dernier le lui rend une fois toute l'eau aspirée
et ainsi de suite jusqu'à ce que le maté n'ait plus de goût ("mate lavado") ou que plus personne n'en veuille.

C'est aussi à la personne qui a préparé le maté qu'il revient de le déguster en premier. Cela lui permet de vérifier le bon positionnement de la bombilla, la bonne température de l'eau, le goût....bref, la qualité de l'infusion.

Bon à savoir et impairs à éviter


- Ne JAMAIS toucher la bombilla avec les mains, et encore moins l'utiliser comme une touillette pour remuer le maté : ce serait détruire tout le délicat travail de positionnement de la yerba mate et de la bombilla par le cebador. Donc : lorsqu'on vous tend le maté, prenez-le par la base (le gobelet).

- pour boire, approchez doucement vos lèvres de l'extrémité de la bombilla, mais sans la gober non plus. Rappelez-vous que la bombilla peut-être brûlante et qu'elle est partagée par tous. Évitez donc de mettre vos amygdales dessus.

- Ne rendez pas le maté au cebador avant d'en avoir aspiré toute l'eau. Si vous n'aimez pas, dites-vous que cela ne vous demandera pas plus que 3 ou 4 petites gorgées...

- Ne remerciez par le cebador quand il vous tend le maté ni quand vous le lui rendez, à moins que vous n'en vouliez plus. Car le "gracias" dans ce cas est une forme de refus poli.

- Evitez de donner le maté avec la bombilla dirigée vers la personne à qui vous le tendez : cela peut être perçu comme un geste agressif ou d'inimitié.

- Enfin, refusez de partager le maté si vous êtes malade car nous le répétons : tout le monde boit dans la même tasse et avec la même paille. Évitons donc de nous contaminer les uns les autres.


Nettoyage et entretien des ustensiles à maté


Enfin, quelques mots sur le nettoyage et l'entretien des ustensiles utilisés pour le maté :

Après dégustation, il est important de nettoyer au plus vite le maté et la bombilla, en particulier si le maté est en calebasse ou en bois. La yerba mate humide risque en effet de provoquer la moisissure des parois, et il sera ensuite très difficile voire impossible de l'enlever.


Le nettoyage en soi est très simple : il suffit de jeter la yerba mate et de rincer le maté et la bombilla à l'eau claire. Le produit vaisselle est à proscrire pour les matés en calebasse et en bois, mais peut parfaitement s'utiliser pour les matés en métal ou en verre.

Ensuite, il suffit de laisser sécher le matériel à l'air libre. Si le maté est rangé sans être complètement sec, il peut prendre un goût de rance (toujours pour les matés en calebasse ou en bois), tandis que la bombilla peut s'oxyder.

Le maté (1/2)

Nous avons un peu délaissé la rubrique "nourriture argentine" de notre blog, et il est grand temps d'évoquer LA boisson favorite des Argentins : le maté.

Le maté, une boisson à mi-chemin entre le thé et le café

 

Le maté, qu'est-ce que c'est ?

Le maté est une infusion réalisée à base de la plante sud-américaine "yerba mate" (nom latin Ilex paraguariensis), qui pousse dans les vallées des fleuves Parana et Paraguay, ainsi que dans la région du cours supérieur du fleuve Uruguay. De la famille des houx (Ilex), cette plante est parfois appelée "thé du Paraguay", "thé du Brésil", ou encore "thé des Jésuites", ces derniers ayant lancé son exploitation de façon intensive. En Argentine, la yerba mate est ainsi cultivée dans les provinces subtropicales de Corrientes et Missiones, situées au nord-est du pays, proches des frontières du Brésil et du Paraguay.

Après récolte, ses feuilles sont séchées et coupées afin d'être servies en infusion.
En Argentine, la plupart des infusions de maté contiennent aussi des morceaux de tiges, qui ont pour effet d'adoucir l'amertume des feuilles. Dans ce cas, le maté est dit "con palo". En l'absence de tiges, le maté est dit "sin palo".
L'on  peut également trouver des matés aromatisés avec des plantes aromatiques comme la menthe,  ou des agrumes comme le citron, le pamplemousse, l'orange.

Notons enfin que le maté peut se boire froid. C'est souvent le cas au Paraguay et dans le nord-est de l'Argentine où il est cultivé. Dans ce cas, le maté est appelé "térere".
Certains l'infusent en outre avec du jus de fruit.

Les vertus du maté

Consommé depuis la nuit des temps par les peuples guaranis originaires de ces régions, qui mâchaient les feuilles ou les faisaient macérer pour obtenir une boisson énergétique, le maté séduisit les missionnaires jésuites justement pour ses vertus anti-fatigue. Forts du constat que les Indiens guaranis pouvaient pagayer des heures durant après avoir consommé du maté, ils décidèrent ainsi de développer sa culture de manière intensive. La culture du maté a d'ailleurs beaucoup contribué à la richesse des Jésuites dans cette région.

Aujourd'hui, la composition et les effets du maté ont été étudiés en détail, et voici ce qu'il en ressort :

- Effet stimulant : le maté concentre en effet 3 types de caféines (ou "xantines" pour être exact) : celle du café (caféine), celle du thé (théine), et celle du chocolat (théobromine). Il combine donc l'action stimulante rapide et surtout physique du café, l'action stimulante mentale du thé, et l'action stimulante lente du chocolat. Pour autant, les Argentins estiment que le maté ne provoque pas d'insomnie, a contrario du café ou du thé. De plus, les minéraux (zinc, fer, magnésium et potassium) et la vitamine B contenus dans le maté concourent au maintien de l'action du système nerveux tout en aidant à la relaxation physique.

- Effet antioxydant : le maté est très riche en antioxydants, qui piègent les radicaux libres responsables du vieillissement cellulaire, les maladies cardiovasculaires et les risques de cancers. A dose égale, le maté contient deux fois plus d'antioxydants que le thé vert.

- Effet anti-cholestérol : la consommation du maté accroît la sécrétion d'une enzyme antioxydante cardio-protectrice, qui accroît elle-même le taux de bon cholestérol et lutte contre le mauvais.

- Effet amaigrissant : le maté peut avoir un effet amaigrissant dans la mesure où la caféine qu'il contient a un action coupe-faim en augmentant la sensation de satiété. Il favorise également la digestion, a une action diurétique et légèrement laxative, et brûle les graisses. Pour autant ce n'est pas un remède miracle : sans alimentation saine et équilibrée et sans pratique physique à côté, cette action amaigrissante ne peut pas se manifester.

Effets indésirables du maté

Comme toutes les plantes, le maté peut générer certains effets indésirables en particulier si sa consommation est excessive. Ces effets sont les suivants : irritabilité, excitation, nervosité, maux de tête, ou encore augmentation de la tension artérielle. C'est pourquoi sa consommation doit être modérée voire évitée chez les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou sujettes aux insomnies.


Une boisson populaire et conviviale

 

Comme nous l'avons évoqué en introduction, le maté est la boisson de prédilection des Argentins, et l'on peut les voir siroter cette infusion à toute heure du jour et de la nuit, et en toute situation : en balade, dans la rue, dans le bus, dans les salles d'attentes, en cours, etc. Peu importe les conditions extérieures (pluie, neige, bagages ou enfant dans les bras, secousses dans les bus conduits par des conducteurs qui se croient dans un rallye...), rien ne peut dissuader un Argentin de s'offrir une petite tasse de maté. Et pourtant, ce n'est pas la boisson la plus pratique à consommer, comme nous le verrons ci-après.
La taille des rayons de maté dans les supermarchés témoigne de cet engouement  national pour cette boisson.

Extrait d'un rayon de maté dans un supermarché (le rayon s'étend bien au-delà de la photo)


En plus d'être une habitude, la consommation du maté remplit une fonction sociale importante : c'est un geste de partage et de convivialité. Il est inconcevable pour un Argentin buvant du maté de ne pas en proposer aux personnes qui l'entourent, et être invité à partager un maté est un signe d'intégration dans un cercle d'amitié.

Nous parlons dans cet article des Argentins, mais nous tenons à souligner que le maté est également beaucoup consommé en Uruguay, au Paraguay et dans le sud du Brésil, c'est-à-dire dans les territoires d'où la plante est originaire. Mais le maté est aussi consommé à l'étranger, notamment en Espagne, où il fut apporté par les explorateurs, mais aussi dans une moindre mesure en Bolivie, au Chili et en Colombie. Sa consommation est en outre de plus en plus importante au Proche-Orient, notamment au Liban, en Syrie, mais aussi en Turquie.


En Amérique du Sud en tout cas, le maté est souvent érigé en symbole national, et nous avons déjà eu l'occasion d'entendre l'expression suivante : "Vos sos mas argentino que el mate bien amargo" ("Tu es plus Argentin que le maté bien amer". Attention, compliment !).

Le matériel nécessaire pour consommer le maté

 

La consommation du maté nécessite l'utilisation d'ustensiles spécifiques :
 

Le "mate"

Le maté se boit dans un petit gobelet appelé "mate" (comme la plante, comme ça c'est facile à retenir).
Traditionnellement creusé dans une petite calebasse, le maté peut également être en bois, en verre, en métal, en plastique, ou encore en pied de vache...(il en faut pour tous les goûts). Ils peuvent aussi être recouverts de cuir ou de tissu afin d'isoler la chaleur et d'éviter de se brûler les doigts.

Voici quelques exemples de différents types de matés :

de gauche à droite : maté en calebasse, en métal, en bois, en bois peint, en verre, et en verre avec trépied

On en trouve absolument partout, et les marchés artisanaux en proposent à la pelle :




Si les matés en calebasse ou en bois ont le charme de la tradition, ils en portent aussi le poids car ils nécessitent une préparation spécifique avant leur première utilisation, ainsi qu'un entretien minutieux.
Ces matés dits "naturels", ne sont en effet pas traités par des produits chimiques. L'avantage est bien sûr d'éviter de s'intoxiquer, mais l'inconvénient est qu'ils sont perméables lorsqu'ils sont neufs, et qu'ils risquent de pourrir s'ils ne sont pas entretenus correctement.

La "bombilla"

La bombilla (prononcer "bombicha") est une paille en métal permettant de filtrer l'infusion du maté. Elle est indispensable dans la mesure où les feuilles de maté sont déposées directement dans le gobelet.
Là encore, diverses formes et revêtements existent. Nous conseillons cependant les bombillas en alpaca ou en argent plutôt qu'en aluminium ou en acier afin de ne pas se brûler les lèvres en aspirant l'infusion.

Voici différentes bombillas, plus ou moins élaborées mais toutes aussi efficaces :

tout à droite : l'instrument nécessaire au lavage de la bombilla.

Le thermo

Le gobelet du maté étant généralement de petite taille et rempli de feuilles de maté, la place réservée à l'eau est assez limitée. Après quelques gorgées, il est donc généralement nécessaire de reverser de l'eau chaude sur les feuilles. C'est pourquoi le thermo est un outil indispensable pour remplir régulièrement son maté avec une eau maintenue à bonne température.

La "matera"

Enfin, les vrais amateurs de maté, qui n'hésitent pas à emmener leur boisson fétiche dans leurs moindres déplacements, ne sauraient se déplacer sans leur "matera", une sacoche en cuir spécialement conçue pour contenir un thermo, le maté (le gobelet) et sa bombilla, la yerba maté (l'infusion), et éventuellement le sucre pour adoucir l'infusion.


 

Comment préparer le maté ?

 

Maintenant que vous savez tout sur le maté, et si vous êtes tentés par une petite infusion de cette plante sud-américaine aux nombreuses vertus, reste à apprendre les rites de préparation et de consommation du maté. Comme le thé et le café chez les puristes, le maté possède également son petit rituel, et il y a des étapes fondamentales à respecter pour que votre infusion soit acceptable aux yeux des Argentins. L'article suivant vous apprendra donc tout ce qu'il faut savoir pour faire bonne figure et proposer un maté de qualité.

lundi 3 juin 2013

Le cimetière de la Chacarita et la tombe de Carlos Gardel

 
Entrée du cimetière de la Chacarita

 Un peu d'histoire


Couvrant 95 hectares, le cimetière de la Chacarita ("cementerio de la Chacarita") est le plus grand de la ville de Buenos Aires. Il fut créé en 1871 pour faire face aux importants besoins d'inhumations suite à l'épidémie de fièvre jaune qui frappa alors la ville. Les capacités des autres cimetières existants étaient en effet déjà saturées par la précédente épidémie de choléras, tandis que le cimetière du nord ("cementerio del Norte", aujourd'hui appelé cimetière de Recoleta et situé dans le quartier huppé du même nom), refusait l'inhumation de personnes mortes de la fièvre jaune.

L'épidémie de fièvre jaune fit de tels ravages que des témoignages évoquent jusqu'à 564 inhumations par jour. La "Porteña", le premier tramway de la ville, fut même dédié au transport des cercueils, obtenant du même coup le surnom de tramway funéraire ("Tranvía Fúnebre").
Les conditions d'hygiène minimales, ajoutées à la grande quantité de victimes de la fièvre jaune, provoquèrent la mort de plusieurs employés du cimetière (certains témoignages parlent de 14 morts en une journée) ainsi que les protestations des habitants du quartier, gênés par les fortes odeurs dégagées par les tombes. Pour toutes ces raisons, le cimetière fut officiellement clos en 1875. Il continua pourtant de fonctionner jusqu'au 9 décembre 1886, date à laquelle il fut définitivement fermé.

A partir de 1887, les inhumations se poursuivirent dans le nouveau cimetière de la Chacarita "Chacarita la Nueva". Une ordonnance du 30 décembre 1896 modifia le nom du cimetière en "Cementerio del Oeste" (cimetière de l'Ouest), jusqu'à ce que le nom initial "Cementerio de la Chacarita" fût rétabli le 5 mars 1949.

Une architecture particulière

En termes d'architecture, le cimetière de la Chacarita n'a rien à envier au célèbre cimetière de Recoleta, où sont enterrées les personnalités les plus connues d'Argentine. La première partie du cimetière est en effet composée d'une succession de mausolées et tombeaux de famille imposants et travaillés, avec vitraux et sculptures. La plupart d'entre eux ne sont plus entretenus, mais ils restent les témoins du faste d'une époque révolue.









L'organisation spatiale du cimetière donne l'impression de se trouver dans une petite ville, avec ses pâtés de mausolées séparés par des ruelles pavées.
Pour tous ceux qui se sentiraient agressés par le brouhaha incessant de Buenos Aires, une petite balade dans cette cité des morts est à recommander car le calme y est total : l'on n'y croise pas âme qui vive...


Les tombes de célébrités du tango


Le cimetière compte également les tombes de plusieurs célébrités, notamment dans le milieu du tango :

- Carlos Gardel (musicien et chanteur, 1890-1935)
- Francisco Canaro (musicien et chef d'orquestre, 1888-1964)
- Juan d'Arienzo (musicien et chef d'orquestre, 1900-1976)
- Paquita Bernardo (bandonéoniste, 1900-1925)
- Enrique Cadicamo (parolier, 1900-1999)
- Julio de Caro (musicien et chef d'orquestre, 1899-1980)
- Francisco de Caro (musicien, 1898-1976)
- Enrique Santos Discepolo (compositeur, 1901-1951)
- Ada Falcon (chanteuse, 1905-2002)
- Celedonio Esteban Flores (poète et parolier, 1896-1947)
- Augustin Magaldi (musicien, compositeur et chanteur,1898-1938)
- Alfredo Le Pera (parolier, 1900-1935)
- Homero Manzi (parolier et réalisateur, 1907-1951)
- Roberto Goyeneche (chanteur, 1926-1994)
- Astor Piazzola (musicien et compositeur, 1921-1992)
- Osvaldo Pugliese (musicien et chef d'orquestre, 1905-1995)
- Carlos Di Sarli (musicien et chef d'orquestre, 1903-1960)
- Anibal Troilo (compositeur, 1914-1975)
- Angel Villoldo (musicien, 1861-1919)

Tous les 2ème et 4ème samedis du mois, la ville de Buenos Aires propose des visites guidées gratuites du cimetière, incluant notamment un "circuit du tango".
Plus d'informations sur : http://www.cementeriochacarita.com.ar/


La tombe de Carlos Gardel

 

La tombe de Carlos Gardel mérite quelques mots. Le décès brutal du célèbre chanteur de tango au sommet de sa gloire le 24 juin 1935 dans un accident d'avion en Colombie, acheva de le transformer en légende.
Ses restes furent ramenés à Buenos Aires par bateau pour être inhumés au cimetière de la Chacarita.

Une statue fut érigée en son honneur à l'emplacement de sa tombe, et de nombreux ex-votos témoignent de l'adulation que lui portaient ses fans. Aujourd'hui encore, les visiteurs du cimetière placent une cigarette allumée entre les doigts de la statue de Carlos Gardel en signe d'hommage.




La tombe de Carlos Gardel et le fétichisme que la star défunte peut susciter constituent également pour certains une source d'inspiration, et nous relayons ici une nouvelle rédigée par Jean-François Seignol, auteur qui avait déjà rédigé avec Anne Lanièce une pièce radiophonique dont nous avions parlé dans un précédent article.

Cette fois-ci, il s'agit d'une nouvelle fantastique intitulée "La nuit où tu m'aimeras", mêlant tango, magie et sciences occultes. Cette nouvelle a été publiée dans une anthologie sortie en février 2013 aux éditions Malpertuis (cliquez ici pour accéder au site de l'éditeur).



lundi 27 mai 2013

Le championnat de tango de la ville de Buenos Aires (El campeonato de baile de la ciudad)

Dimanche 26 mai 2013 s'est achevé le 11ème championnat de tango de la ville de Buenos Aires, également appelé le "pre-mundial", dans la mesure où il permet aux champions de certaines catégories de se qualifier directement pour la finale ou semi-finale du championnat mondial de tango, qui se tient la deuxième quinzaine d'août à Buenos Aires.



La championnat de la ville s'est donc déroulé du 12 au 26 mai, et nous nous sommes fait un plaisir de le suivre et d'y participer. Ce fut parfois épique, mais toujours plein d'enseignements.

Qui peut participer au championnat ?

Les étrangers sont autorisés à participer au championnat dans les catégories suivantes : "Milonguero del mundo", "Vals" et "Milonga".

Les deux autres catégories "Tango de pista Senior" et "Tango de pista Adulto" sont quant à elles exclusivement réservées aux résidents de Buenos Aires, qu'ils aient la nationalité argentine ou non (il suffit d'avoir des papiers d'identité officiels prouvant la résidence depuis plus de 2 ans dans la ville). Tous les autres Argentins sont donc exclus de ces catégories et se retrouvent à la même enseigne que les touristes.

Les différentes catégories

 

Les cinq catégories de danse évoquées ci-avant renvoient en réalité à seulement 3 styles différents :

- le tango dit "de pista" : c'est le tango traditionnel, classique, appelé "tango salon" ces dernières années. L'appellation "de pista" a été réofficialisée cette année à la demande de plusieurs spécialistes et professionnels du tango afin de rendre compte du caractère social de cette façon de danser le tango. Il s'agit en effet du tango qui se danse sur la piste de bal, et non du tango de spectacle (dit "escenario" - de scène).
Les catégories "tango de pista Senior" (pour les résidents de Buenos Aires de plus de 40 ans), "tango de pista Adulto" (pour les résidents de Buenos Aires de moins de 40 ans), et "Milonguero del mundo" (pour tous les autres participants) renvoient donc au tango de pista.

- la "vals" : tango joué et dansé sur le rythme ternaire de la valse.

- la "milonga" : ancêtre du tango, dansée sur une musique plus rythmée, régulière et rapide.

Comment se déroule le championnat ?

 

Le championnat se déroule en 3 étapes :
- une série de tournois de qualification pour la semi-finale
- la ou les semi-finale(s)
- la finale

Les tournois de qualification

La série de tournois s'est étalée sur 10 jours, du 12 au 22 mai, au rythme d'un tournoi par jour, ou plutôt par soir voire par nuit, car une grande partie ne commençaient pas avant 22h. Les tournois étaient généralement organisés dans des milongas (milonga renvoyant cette fois-ci aux lieux où se dansent le tango, et non au style de danse "milonga") ou centres culturels de la ville. Si l'entrée des milongas était souvent payante, l'accès aux centres culturels était toujours gratuit.


Concrètement, une heure avant chaque tournoi, les participants doivent se présenter en couple avec leurs papiers d'identité pour s'inscrire dans la catégorie de leur choix, et recevoir en échange un numéro à épingler sur la veste du cavalier.



Les cavaliers arrivent généralement déjà en costume de tango, tandis que les cavalières se changent sur place car les robes de tango sont peu appropriées pour se balader dans la rue, en particulier en plein hiver quand il fait entre 0 et 5 degrés la nuit....(oui nous avons eu une soudaine vague de froid, justement les deux semaines du championnat).

Ensuite, des groupes allant de 7 à 10 couples environ sont invités à danser devant un jury 3 tangos d'affilée dans une catégorie donnée. Chaque groupe est appelé "ronda" (ronde). Selon le nombre de participants, il peut y avoir plusieurs rondes successives dans une même catégorie.
Traditionnellement, le tournoi commence par les rondes de Tango de pista Senior, puis Tango de Pista Adulto, puis Milonguero del mundo, puis Vals, et enfin Milonga. La durée de ces tournois est donc assez longue, et des pauses sont régulièrement proposées au jury entre les catégories. Il n'est pas rare que les tournois ayant commencé à 23h finissent ainsi à 3h du matin. Typiquement portègne, surtout dans le monde du Tango !


Tournoi de qualification à la Milonga "La Ideal"

A la fin du tournoi, les résultats sont donnés : les couples qualifiés pour la semi-finale sont appelés par catégorie. En règle générale, environ 2 couples sont sélectionnés par ronde, mais ce n'est pas toujours le cas.

Ce qui est très appréciable dans ce championnat est la possibilité qui est offerte à chaque participant de retenter sa chance dans les tournois suivants s'il n'a pas été qualifié pour la semi-finale. Il est également possible de s'inscrire dans plusieurs catégories. Comme les catégories vals et milonga sont ouvertes à tous, ce sont aussi celles où l'on retrouve le plus de participants.
L'on retrouve donc régulièrement les mêmes participants d'un jour sur l'autre jusqu'à leur qualification, ou leur abandon...

La ou les semi-finale(s)

Selon le nombre de couples qualifiés à l'issue des tournois, une ou deux semi-finales peuvent être organisées.
Cette année, deux semi-finales ont eu lieu :
- la première pour les catégories Tango de Pista Senior, Tango de Pista Adulto, Milonguero del mundo, ainsi que quelques rondes de vals et de milonga.
- la deuxième pour les rondes de vals et de milonga restantes.

Semi-finale à la Milonga "El Pial"

Le fonctionnement de la semi-finale est calqué sur le principe des tournois avec la succession de plusieurs rondes par catégories.
Néanmoins, le jury a désormais un nombre limité de qualifications en finale à décerner : 10 couples par catégorie. Le choix est donc drastique, et nombreux sont les déçus à l'issue de cette étape.


La finale

Enfin pour la finale, les 5 catégories se succèdent, à raison d'une ronde de 10 couples par catégorie.
Pour le couple vainqueur, l'enjeu est de taille car il permet dans 3 catégories d'accéder directement aux dernières étapes du championnat mondial de tango du mois d'août :

- Les 2 couples obtenant le 1er prix de la catégorie Tango de Pista Senior et Tango de Pista Adulto sont qualifiés pour la finale du mondial de tango où ils représenteront la ville de Buenos Aires. Ils remportent également la somme de 20 000 pesos.
Notons que les couples obtenant les 2ème, 3ème, 4ème et 5ème places dans ces deux catégories sont qualifiés pour la semi-finale du championnat mondial où ils représenteront la ville de Buenos Aires.


- Le couple obtenant le 1er prix de la catégorie Milonguero del Mundo est qualifié directement pour le semi-finale du championnat mondial, et remporte aussi 20 000 pesos.


Enfin, les couples vainqueurs des catégories Vals et Milonga remportent la somme de 10 000 pesos.

Le jury

 

Pour chaque tournoi du championnat, un jury est élu par la "Dirección General de Festivales y Eventos Centrales", dépendant du Ministère de la culture du Gouvernement de la Cité autonome de Buenos Aires.

Lors des tournois de qualification, le jury est composé de 3 membres, élus parmi les danseurs, professeurs et autres personnalités importantes du tango à Buenos Aires. L'on peut ainsi se retrouver face à de grands noms du tango comme Olga Besio ou Pablo Veron, pour ne citer qu'eux.

Jury du tournoi de qualification à la Milonga "El Arranque"

Plus l'on avance dans les étapes, plus la taille du jury augmente (comme la pression sur les compétiteurs) : 5 personnes pour les semi-finales, et 7 pour la finale.