lundi 3 juin 2013

Le cimetière de la Chacarita et la tombe de Carlos Gardel

 
Entrée du cimetière de la Chacarita

 Un peu d'histoire


Couvrant 95 hectares, le cimetière de la Chacarita ("cementerio de la Chacarita") est le plus grand de la ville de Buenos Aires. Il fut créé en 1871 pour faire face aux importants besoins d'inhumations suite à l'épidémie de fièvre jaune qui frappa alors la ville. Les capacités des autres cimetières existants étaient en effet déjà saturées par la précédente épidémie de choléras, tandis que le cimetière du nord ("cementerio del Norte", aujourd'hui appelé cimetière de Recoleta et situé dans le quartier huppé du même nom), refusait l'inhumation de personnes mortes de la fièvre jaune.

L'épidémie de fièvre jaune fit de tels ravages que des témoignages évoquent jusqu'à 564 inhumations par jour. La "Porteña", le premier tramway de la ville, fut même dédié au transport des cercueils, obtenant du même coup le surnom de tramway funéraire ("Tranvía Fúnebre").
Les conditions d'hygiène minimales, ajoutées à la grande quantité de victimes de la fièvre jaune, provoquèrent la mort de plusieurs employés du cimetière (certains témoignages parlent de 14 morts en une journée) ainsi que les protestations des habitants du quartier, gênés par les fortes odeurs dégagées par les tombes. Pour toutes ces raisons, le cimetière fut officiellement clos en 1875. Il continua pourtant de fonctionner jusqu'au 9 décembre 1886, date à laquelle il fut définitivement fermé.

A partir de 1887, les inhumations se poursuivirent dans le nouveau cimetière de la Chacarita "Chacarita la Nueva". Une ordonnance du 30 décembre 1896 modifia le nom du cimetière en "Cementerio del Oeste" (cimetière de l'Ouest), jusqu'à ce que le nom initial "Cementerio de la Chacarita" fût rétabli le 5 mars 1949.

Une architecture particulière

En termes d'architecture, le cimetière de la Chacarita n'a rien à envier au célèbre cimetière de Recoleta, où sont enterrées les personnalités les plus connues d'Argentine. La première partie du cimetière est en effet composée d'une succession de mausolées et tombeaux de famille imposants et travaillés, avec vitraux et sculptures. La plupart d'entre eux ne sont plus entretenus, mais ils restent les témoins du faste d'une époque révolue.









L'organisation spatiale du cimetière donne l'impression de se trouver dans une petite ville, avec ses pâtés de mausolées séparés par des ruelles pavées.
Pour tous ceux qui se sentiraient agressés par le brouhaha incessant de Buenos Aires, une petite balade dans cette cité des morts est à recommander car le calme y est total : l'on n'y croise pas âme qui vive...


Les tombes de célébrités du tango


Le cimetière compte également les tombes de plusieurs célébrités, notamment dans le milieu du tango :

- Carlos Gardel (musicien et chanteur, 1890-1935)
- Francisco Canaro (musicien et chef d'orquestre, 1888-1964)
- Juan d'Arienzo (musicien et chef d'orquestre, 1900-1976)
- Paquita Bernardo (bandonéoniste, 1900-1925)
- Enrique Cadicamo (parolier, 1900-1999)
- Julio de Caro (musicien et chef d'orquestre, 1899-1980)
- Francisco de Caro (musicien, 1898-1976)
- Enrique Santos Discepolo (compositeur, 1901-1951)
- Ada Falcon (chanteuse, 1905-2002)
- Celedonio Esteban Flores (poète et parolier, 1896-1947)
- Augustin Magaldi (musicien, compositeur et chanteur,1898-1938)
- Alfredo Le Pera (parolier, 1900-1935)
- Homero Manzi (parolier et réalisateur, 1907-1951)
- Roberto Goyeneche (chanteur, 1926-1994)
- Astor Piazzola (musicien et compositeur, 1921-1992)
- Osvaldo Pugliese (musicien et chef d'orquestre, 1905-1995)
- Carlos Di Sarli (musicien et chef d'orquestre, 1903-1960)
- Anibal Troilo (compositeur, 1914-1975)
- Angel Villoldo (musicien, 1861-1919)

Tous les 2ème et 4ème samedis du mois, la ville de Buenos Aires propose des visites guidées gratuites du cimetière, incluant notamment un "circuit du tango".
Plus d'informations sur : http://www.cementeriochacarita.com.ar/


La tombe de Carlos Gardel

 

La tombe de Carlos Gardel mérite quelques mots. Le décès brutal du célèbre chanteur de tango au sommet de sa gloire le 24 juin 1935 dans un accident d'avion en Colombie, acheva de le transformer en légende.
Ses restes furent ramenés à Buenos Aires par bateau pour être inhumés au cimetière de la Chacarita.

Une statue fut érigée en son honneur à l'emplacement de sa tombe, et de nombreux ex-votos témoignent de l'adulation que lui portaient ses fans. Aujourd'hui encore, les visiteurs du cimetière placent une cigarette allumée entre les doigts de la statue de Carlos Gardel en signe d'hommage.




La tombe de Carlos Gardel et le fétichisme que la star défunte peut susciter constituent également pour certains une source d'inspiration, et nous relayons ici une nouvelle rédigée par Jean-François Seignol, auteur qui avait déjà rédigé avec Anne Lanièce une pièce radiophonique dont nous avions parlé dans un précédent article.

Cette fois-ci, il s'agit d'une nouvelle fantastique intitulée "La nuit où tu m'aimeras", mêlant tango, magie et sciences occultes. Cette nouvelle a été publiée dans une anthologie sortie en février 2013 aux éditions Malpertuis (cliquez ici pour accéder au site de l'éditeur).



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