jeudi 4 avril 2013

Les chutes d'Iguazú (Las cataratas del Iguazú)

Nous revenons tout juste d'une semaine de vacances aux cataractes d'Iguazú, ce qui nous donne l'occasion de vous faire partager ce voyage exotique dans le nord-est de l'Argentine (région de Misiones), à la frontière de deux autres pays : le Paraguay et le Brésil.

Carte de localisation des chutes d'Iguazú

Un petit mot sur le trajet Buenos Aires - Puerto Iguazú

 Notre pied à terre sur place était un petit hôtel-appartement très charmant situé dans la ville de Puerto Iguazú, à 17 km des cataractes argentines. Pour nous y rendre, nous avons cette fois-ci opté pour un voyage semi-organisé qui nous permettait de bénéficier de tarifs intéressants incluant le trajet aller-retour Buenos Aires - Puerto Iguazú, le logement, et quelques excursions avec un guide local. Nous avons ainsi fait l'expérience du car de voyage, qui est le mode de transport le plus utilisé par les Argentins pour voyager à l'intérieur du pays car les prix sont inférieurs au prix des billets d'avion (bien que ce soit de moins en moins vrai). Nous avons ainsi parcouru 1 300 km en 18 heures dans un car très confortable par comparaison avec les cars français. Le car comptait en effet seulement 33 sièges très larges et moelleux répartis sur 2 étages, et inclinables à 160 degrés (d'autres cars proposent des sièges inclinables à 120 degrés et à 180 degrés, le confort suprême). Attention, à partir de 160° on passe de semi-cama (semi-lit) à cama (lit) donc ne vous attendez pas à vous retrouver forcément à l'horizontale parce que vous voyez écrit le mot cama! D'autre part, il est courant de retrouver des cheveux sur les couvertures fournies et parfois même des tâches (vomi !) sur les sièges qui ne sont pas lavés à chaque trajet.


Voilà à quoi ressemblent les bus de la compagnie Via Bariloche

A l'intérieur du car, les sièges ressemblent à ceci

Un service de restauration, bien que très sommaire et assez mauvais, était également inclus à bord. Nous avons bien aimé la proposition "Champagne o Whisky ?" juste après le film du soir.

Les chutes d'Iguazú

Aperçu des chutes côté brésilien (cliquer pour agrandir)
Avant de partir, nous nous attendions à un spectacle naturel grandiose, et il faut bien avouer que nous n'avons pas été déçus, bien au contraire ! La beauté du site est à couper le souffle : selon la saison (sèche ou pluvieuse), entre 150 et 270 chutes d'eau se déversent sur un front de 2,7 km dans un cadre entièrement naturel. Le site est en effet inclus dans un parc naturel dont l'ambition est de protéger cette merveille et la luxuriante forêt tropicale qui l'entoure. Créé dès 1934 côté argentin et 1939 côté brésilien, le parc naturel d'Iguazú a été reconnu Patrimoine mondial de l'UNESCO en 1984 (côté argentin) et 1986 (côté brésilien). Le site est d'ailleurs considéré comme l'une des 7 merveilles du monde.



Iguazú, qui signifie "grandes eaux" en guaraní, est le nom du fleuve qui naît à la Serra do Mar, près de la ville de Curitiba au Brésil, et parcourt ensuite 1 320 km jusqu'à sa confluence avec le fleuve Paraná, situé à 23 km en aval des chutes. Les cataractes sont créées par la conjonction d'un méandre très serré formant un ample "U" encombré d'îlots et de la présence, juste à l'aval de ce coude du fleuve, d'une faille géologique très abrupte. Les eaux de l'Iguazú se divisent ainsi en de multiples bras et se muent ensuite en cascades de 70 mètres de hauteur environ et de différentes largeurs, allant de simples filets à d'impressionnants murs d'eau tonitruants.

Non, nous n'avons pas rajouté l'arc-en-ciel...

La couleur et le débit de l'eau varie en fonction des saisons. A l'automne, après les pluies, les eaux prennent une teinte marron-roux et peuvent atteindre un débit allant jusqu'à 6 500 m3 par seconde. En s'écrasant, les eaux forment des nuages de bruine pouvant atteindre 100 mètres de haut à cette saison. Les photos sont ainsi un peu moins nettes qu'au printemps (saison sèche), mais le spectacle est beaucoup plus impressionnant, et les arcs-en-ciel sont monnaie courante. Le seul inconvénient de cette saison est la fermeture de l'Ile San Martin et du sentier Macuco en raison de la hauteur trop importante des eaux.


Il est possible de traverser cette passerelle du côté brésilien. N'oubliez pas vos k-way et rangez vos appareils photos c'est la douche assurée!

Arc-en-ciel devant une cascade.

L'île San Martin fermée au moment de notre passage.


Comme pour le glacier Perito Moreno en Patagonie, un système de passerelles a été créé pour pouvoir observer les chutes sans difficulté (la plupart sont même accessibles aux personnes à mobilité réduite) tout en protégeant la végétation environnante. Pour une visite complète, nous recommandons de se rendre des deux côtés du parc : au Brésil, et en Argentine. Si la visite côté brésilien offre essentiellement une vue plus globale et panoramique des cataractes, la visite côté argentin permet de s'approcher au plus près des chutes, avec un circuit les surplombant (circuito superior) et un circuit à mi-hauteur (circuito inferior). Une occasion de prendre aussi une bonne "douche" lorsque l'on s'approche trop près des cascades et de leurs nuages de bruine. Pour les amateurs de sensations fortes, des excursions en bateau sont proposées pour sentir les remous de l'Iguazú au pied des chutes et traverser les nuages de bruine. Bien sûr, pas la peine de penser pouvoir passer sous les chutes. Même sous les plus "petites" cascades, vous seriez instantanément écrasés sous la pression. Notre guide nous a raconté qu'il lui est arrivé de s'approcher au plus près par la terre du pied d'une cascade pour sentir la force de l'eau, mais que le vent et l'embrun sont tels que l'on est repoussé en arrière et l'air se fait rare, rendant la respiration difficile.

Ce bateau rempli de touristes s'apprête à voguer au plus près des chutes d'eau.

Les touristes revenant du bout de la passerelle (côté argentin) sont tous trempés jusqu'au os.


Salto de las dos hermanas (Chute des deux soeurs)


Voici une petite vidéo pour rendre compte de l'importance du site  :



Pour la petite anecdote, il semblerait qu'un cycle naturel (d'abord associé à tort au réchauffement climatique), soit parfois responsable de l'assèchement quasi total des cataractes. Ce phénomène très rare s'est produit notamment en 1978 puis en 2006 après une forte période de sécheresse. Ainsi, les touristes se sont retrouvés face à ce paysage:

Les cataractes en 2006 après une période de forte sécheresse.
Notons également la présence dans tout le parc naturel d'une espèce de ratons laveurs appelés Coaties. Ces petits animaux mignons et très sociaux enchantent les touristes qui ne se lassent pas de les prendre en photos et de vouloir les caresser. Cependant, ils passent rapidement du statut de "peluches" à celui de nuisance lorsqu'on sait qu'ils mordent et qu'ils vous encerclent en grand nombre dès que vous avez un peu de nourriture à la main. Ils passent leur temps à vider les poubelles du parc (notamment les poubelles du côté brésilien qui ne sont pas fermées) et à rôder près des lieux de restauration.

Les coaties deviennent un peu envahissant dès qu'ils sentent la présence de nourriture

Panneau d'avertissement contre les morsures de coaties


La "gorge du diable" et la visite du parc les nuits de pleine lune

Nous avons fait coïncider les dates de notre séjour à Puerto Iguazú avec les dates de la pleine lune afin de pouvoir effectuer la balade nocturne proposée par les autorités du parc argentin 5 nuits par mois, au moment de la pleine lune. Bien que 3 groupes de 120 personnes maximum se succèdent entre 19h30 et 23h30, cette visite de nuit est magique car elle permet d'apprécier le calme nocturne et les senteurs de la forêt avec pour seul éclairage la lune.  Nous avons en outre bénéficié d'un temps exceptionnellement clair sans aucun nuage dans le ciel (et ce pendant tout le séjour, ce qui est assez rare paraît-il). L'itinéraire réservé à cette visite n'est ni le circuit inférieur ni le circuit supérieur, mais le circuit qui mène à la gorge du diable ("Garganta del diablo") où se déverse la chute "Union" (Salto Uníon) sur 80 mètres de hauteur.



Avant de distinguer les chutes d'eau on aperçoit les volutes d'eau qui s'élèvent dans le ciel au loin pour former des nuages
Premier aperçu de la gorge en arrivant sur la passerelle
Volutes d'eau s'élevant dans le ciel au dessus des chutes

Aperçu de la gorge du diable en pleine nuit

En réalité l’œil ne distingue pas la couleur brune des eaux pendant la nuit.


Astuce pour les photos: Les responsables de la visites enjoignent les touristes à ne pas utiliser le flash pour ne pas venir perturber l'expérience. Injonction à laquelle beaucoup désobéissent pour pouvoir immortaliser le moment. Cependant, si vous possédez un appareil même de qualité moyenne, passez le en mode nuit (long temps d'obturation) et faites la mise au point sur la lune en appuyant sur le déclencheur à moitié seulement. Sans flash, la lune est la seule source de lumière sur laquelle vous pouvez effectuer une mise au point sans quoi vos photos seront floues. En maintenant le déclencheur ainsi à moitié appuyé, placez vous en position pour faire votre photo sur un support stable comme une barrière et évitez de respirer. Alors seulement achevez d'appuyer totalement sur le déclencheur.
Cette technique ne marche pas à tous les coups et vous n'aurez pas beaucoup de choix dans le cadrage puisqu'il dépendra du support disponible sur le moment. Mais elle donne généralement de bons résultats avec les objets situés "à l'infini" comme la lune (on peut parler d'infini pour l'appareil photo à partir de 50 mètres grosso modo).


Enfin, les nuits de pleine lune sont l'occasion d'apprécier la beauté d'une fleur très spéciale, fermée le jour et qui ne s'ouvre que les nuits de pleine lune.

Fleurs ne s'ouvrant qu'à la pleine lune


Et enfin voilà ce que ça donne à la lumière du jour! Nous vous avons même mis quelques vidéos au risque de mouiller nos appareils photos pour vous donner un aperçu :





La légende Guaraní

Selon la légende des Indiens Caingangues, le roi des dieux, Tupá, envoya son fils, le dieu-serpent M'Boi, pour veiller sur eux. M'Boi vivait dans le fleuve Iguazú et tomba éperdument amoureux de Naipi, la fille du chef de la tribu Caingangue. Alors que cette dernière s'apprêtait à épouser un guerrier de la tribu nommé Tarobá, M'Boi exigea que Naipi lui soit donnée. N'osant pas défier le dieu-serpent, les membres de la tribu livrèrent donc Naipi à M'Boi. Le jour dit, les deux amants Tarobá et Naipi profitèrent de l'état d'ébriété de la tribu provoqué par l'alcool de maïs consommé en prévision de la fête, et s'enfuirent en canoë. Malheureusement, le bruit des rames attira l'attention de M'Boi, qui déchira le lit du fleuve d'un grand coup de queue. Naipi sombra au fond de la grande crevasse ainsi créée et fut transformée en rocher, condamnée à rester perpétuellement prisonnière de la force des eaux, tandis que Tarobá fut changé en palmier, amarré pour l'éternité au-dessus des chutes, sans jamais pouvoir approcher son amour perdu.
La légende veut qu'une grotte se trouve sous le palmier et abrite le dieu-serpent M'Boi, qui rit du malheur des deux amants. Mais son rire serait étouffé par le fracas des chutes d'eau.


Une autre légende

Et enfin, une image valant mieux que mille mots, pour toutes celles et ceux qui se demanderaient d'où les chutes d'Iguazú tirent leur source, leur couleur marron et leur goût sucré si caractéristique, voici un cliché pris avec un très bon appareil photo qui permet de répondre à toutes vos questions sur le sujet:




Le fond du pot (mesurant plusieurs dizaines de kilomètres) serait en fait un faille spatio-temporelle ouvrant sur un autre univers rempli de dulce de leche. Avis aux amateurs de friandises...

2 commentaires:

  1. C'est vraiment un lieu incroyable. On dirait qu'il y avait beaucoup d'eau cette fois-ci ! Encore plus que lorsque j'y suis retourné mi-janvier. Je ne savais pas que l'on pouvait visiter le parc la nuit. Ca doit être vraiment génial. A faire pour ma prochaine visite :)

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    1. Effectivement il y avait énormément d'eau en mars car il a beaucoup plus au Brésil récemment.
      Oui la visite de nuit est à recommander. Il faut juste bien caler les dates de son voyage sur celles de la pleine lune:-). Et une fois sur place : laisser passer les touristes pressés et parfois bruyants pour bien apprécier le calme et la sérénité du lieu. Magique.

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