samedi 20 avril 2013

L'Université du Tango (CETBA)

L'université du tango ou Centro Educativo del Tango de Buenos Aires (CETBA) est située au 3231 de la rue Agrelo, au sein d'une école primaire Paraguayenne :

Entrée de l'école primaire dans laquelle ont lieu les cours de l'université du tango.
L'université fut créée en 1991 à l'initiative de la Secrétaire de l'éducation de la municipalité de Buenos Aires avec pour but de diffuser et de transmettre une partie du patrimoine national rattaché au tango argentin. L'université du tango prodigue à ses étudiants deux diplômes ("historia del tango" et "tango danza"), qu'il est possible de décrocher en 3 ans, à condition d'avoir été présent dans les matières obligatoires et d'avoir passé les examens avec succès. Le diplôme "historia del tango" est essentiellement composé de cours théoriques sur l'histoire du tango en tant que danse et en tant que musique, avec un seul cours pratique d'initiation à la danse. Le diplôme "Tango danza" est quant à lui plus axé sur la pratique de la danse, mais comporte aussi un certain nombre de cours théoriques sur la musique, le cinéma. Il offre aussi quelques cours et des activités annexes pouvant être utiles à des danseurs professionnels comme le maquillage de scène, le théâtre, ou encore les danses folkloriques. Enfin, un certain nombre d'ateliers sont également ouverts à tous pour apprendre à danser ou chanter.

Cours sur les origines du tango argentin.


Les cours ont lieu dans une école primaire le soir après que les enfants ont déserté les lieux.

Les inscriptions sont ouvertes à tous chaque année début mars après les vacances d'été, et tout est complètement gratuit. Ainsi, les élèves se voient distribuer des livres et des photocopies gratuitement pendant 3 ans et reçoivent par email une foule de documents très intéressants sur l'histoire du tango et sur d'autres sujets. Les cours s'étalent sur deux "cuadrimestres" de la mi-mars à la fin décembre, ils ont lieu le soir quand les enfants de l'école sont rentrés chez eux depuis bien longtemps. Les adultes les remplacent donc sur leurs petites chaises et écrivent sur leurs petits bureaux, face aux tableaux noirs encore couverts des cours ayant eu lieu dans la journée pour les enfants. Le matériel et le bâtiment sont vieillots et plutôt en mauvais état, rappelant les salles de classe des bâtiments des années 1960 en France. Les murs s'écaillent et la sonorisation est très mauvaise. On sent que les subventions manquent pour rénover l'école.


Cour de récréation

Cours de tango dans un couloir

Étudiants répétant dans un couloir

Disons le franchement, l'université du tango est un peu le "Poudlar" des danseurs de tango argentin (pour ceux qui connaissent Harry Potter). Les cours théoriques sont donnés par des musiciens et autres artistes accomplis qui ne se séparent jamais de leur lecteur CD et de leurs enceintes pour pouvoir illustrer leurs propos. Les cours de danse pratiques sont plus ou moins donnés dans le couloir ou dans les petites salles pleines à craquer de gens enlacés les uns avec les autres. Entre les cours, dans le couloir ou dans la cour de récréation, un couple révise un pas de danse en vue de l'examen approchant. Devant une salle quelqu'un patiente en travaillant sa marche ou ses pivots. Bref, l'université est baignée d'une ambiance un peu irréelle lorsqu'on est habitué au cursus scolaire conventionnel. Voici une petite vidéo pour vous en rendre compte :



Néanmoins, n'allez pas croire que ce sont les vacances pendant 3 ans. Les élèves de troisième année que nous connaissons croulaient en décembre sous le travail en vue des partiels de fin d'année. Il y a des mémoires à rendre, on vous demande de connaître par cœur des éléments d'anatomie et des dizaines et des dizaines de figures à maîtriser dans les deux rôles bien sûr. Le but étant, pour les jeunes (et moins jeunes) diplômés, de pouvoir enseigner par la suite.

Le système d'enseignement de la danse utilisé est le système Dinzel. Rodolfo et Gloria Dinzel sont des sommités dans le milieu du tango argentin. Ils ont fait le tour du monde dans leur jeunesse et ont écrit plusieurs ouvrages dont un livre répertoriant plus de 200 figures dans le tango argentin (d'autres sont apparues depuis). Rodolfo et Gloria ont réalisé à travers leurs œuvres un immense travail d'investigation pour inventer un système efficace pour transmettre le tango argentin au sens large. Voici, pour les hispanophones, un schéma qui résume brièvement de quoi il s'agit :

Voici les différents sujets couverts par le système Dinzel dans le tango argentin
Les jeunes étudiants de l'université sont donc entre de bonnes mains et disposent de connaissances solides pour entamer leur carrière de danseurs. Certains élèves déplorent néanmoins que le diplôme soit donné très facilement au bout des 3 ans, que l'on ait beaucoup travaillé ou pas. En effet, les professeurs sont très arrangeants et il est possible de faire le cursus en 5 ou 10 ans en validant des modules quitte à les oublier en cours de route. Cela dit, cette formule permet à tous de suivre les cours selon son rythme et ses disponibilités, et la plupart des élèves sont de vrais passionnés qui sont là pour apprendre autant qu'ils le peuvent.

La directrice de la filière "histoire du tango", Ema Cibotti, est une historienne réputée qui a écrit et publié plusieurs livres sur l'histoire de l'Argentine notamment en lien avec le tango. Elle donne donc des cours d'histoire extrêmement intéressants aux côtés d'autres professeurs tout aussi talentueux. Bien sûr tous les cours ne sont pas aussi bien organisés ni aussi passionnant les uns que les autres, mais nous apprenons beaucoup au sein de l'université.  Et c'est aussi l'occasion pour nous de pratiquer notre espagnol !

Bref, l'université du tango est une institution très enrichissante, tant pour ceux qui souhaitent commencer le tango argentin que pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissances de la danse et de la culture argentine. Elle propose également des événements tels que des milongas et autres ateliers, qui participent à la cohésion entre les étudiants en dehors des cours. D'une manière générale, il règne au sein de la CETBA un véritable esprit d'entraide et d'ouverture, à l'image de la société argentine.


mardi 16 avril 2013

Le Parque Da Aves (Brésil)

Notre séjour dans la province de Misiones a également été l'occasion de visiter le "parque da aves", un parc ornithologique de 5 ha situé au Brésil, à proximité du parc national des chutes d'Iguazu.











Ce parc compte plus de 800 oiseaux tropicaux en tout, dont 150 espèces locales : toucans, perruches, perroquets, aras, ibis, flamants roses, aigles, colibris, vautours, autruches, hiboux, etc...




Les ornithologues regretteront sûrement de voir les oiseaux enfermés dans des cages, mais celles-ci ont parfois un côté rassurant pour le visiteur : se trouver nez à nez avec l'aigle-harpie ou le couple de grands perroquets géants inquisiteurs n'est pas forcément du goût de tous.
Pour les plus curieux, certaines volières sont ouvertes au visiteur, ce qui permet d'approcher au plus près les oiseaux. Impressionnant.



volière ouverte aux visiteurs
volière ouverte aux visiteurs



Enfin, le parc compte aussi des singes, quelques caïmans, de nombreuses espèces de papillons, quelques reptiles (dont des anacondas.... brrrrrr !), et quelques tarentules (dans des cages vitrées).

Une agréable balade toute en couleurs, pour le bonheur des petits et des grands.




Las minas de Wanda

Un séjour dans la région de Misiones est aussi l'occasion de découvrir les mines de pierres semi-préciseuses de Wanda (prononcer Banda).

galerie de la mine de Wanda
galerie de la mine de Wanda

 Le lieu est extrêmement touristique et chaque visite se conclut inévitablement par un tour un peu forcé à la boutique, mais il est très surprenant de faire quelques pas dans les anciennes galeries de la mine où les gemmes et géodes affleurent à même le sol et les parois basaltiques.


améthyste affleurant sur la paroi murale



gemmes affleurant sur la paroi murale


Les pierres (améthystes, cristaux et citrines) sont dégagées à la dynamite, puis à la barre à mines et au marteau.

géodes d'améthystes dans l'atelier de nettoyage

atelier de nettoyage des pierres

Si cette excursion n'a pas été le point d'orgue de notre séjour dans la région, cela reste quand même une curiosité.

vendredi 12 avril 2013

La fermeture de l'école de tango Carlos Copello et quelques nouvelles tango ;-)

C'est une bien triste semaine pour nous qui marque la fin d'une époque avec la fermeture soudaine de la Escuela de Tango Carlos Copello située dans la rue Anchorena au 575.

Aperçu de la salle de danse principale

Autre aperçu de la salle de danse principale


 A Buenos Aires, des familles très pauvres vivent du recyclage des cartons qu'elles récupèrent tous les jours, on les appelle les "cartoneros". C'est de ce milieu dont Carlos Copello est issu et depuis lequel il a fait son ascension spectaculaire grâce au tango argentin. Il gagne un concours de tango en 1989 qui lance sa carrière artistique et, à partir de là, il ne cesse de voyager dans le monde entier en participant à des shows et a des spectacles qui le mèneront jusqu'à Broadway en 1998. Il fait partie des danseurs de première ligne de sa génération et a participé à la réhabilitation du tango argentin comme danse sociale au cours des années 90'. Il a d'ailleurs formé bon nombre de danseurs de tango aujourd'hui célèbres. Il a également fait partie du jury au mondial de tango "escenario" (de scène) qu'il a quitté par la suite pour désaccord idéologique. Aujourd'hui, il fait partie du spectacle Rojo Tango qui a lieu dans le luxueux hôtel Faena (voir notre post sur le sujet).

Carlos Copello enseigne ce qu'il nomme pompeusement le Tango Argentin Authentique et ses cours sont aussi variés qu'originaux. Les pas qu'il enseigne sont ceux qui lui ont été enseignés par ses propres maestros et sont caractéristiques d'une époque révolue : l'âge d'or du tango.

La famille Copello : Carlos, Miriam et Maxi (père, fille et fils)

Ainsi, Carlos transmet sa manière de danser très rythmique sur de vieux tangos. Mais aussitôt a-t-il inculqué ce style de danse qu'il passe un tango de Pugliese ou de Di Sarli et sermonne pendant 20 minutes les élèves qui n'ont pas adopté un style plus élégant.
En parallèle, les cours de Carlos sont aussi l'occasion d'apprendre des pas de tango fantasia avec des portés, des sauts, des claquements de mains et de pieds et des changements d'abrazo en tout genre, qui collent bien avec l'excentricité du personnage. Du jour au lendemain, il peut décider de passer un mois sans apprendre à ses élèves de nouvelle séquence, simplement en leur demandant d'improviser. Il leur enseigne la gestion du stress et de la pression en faisant danser devant tout le monde tout en leur criant des ordres : "Doucement! La musique! La posture!". Il est tout de même préférable d'être en couple et d'avoir quelques mois devant soi pour prendre les cours de Carlos Copello car si vous venez seul, il est possible qu'il vous fasse marcher seul face au miroir ou tourner autour d'un poteau pendant une heure et demie. Comme il le dit lui-même, le chemin qu'il propose est long et difficile, et seuls ceux qui s'accrochent y arrivent.

S'il y a une idée globale à retenir de ces cours c'est le caractère. Carlos est le genre de maestro qui peut transformer un tango timide en un tango mature et plein de caractère. Son intransigeance et sa sévérité font de ses cours une épreuve physique et psychologique. Mais c'est un passionné au fond très chaleureux, et qui sait également donner sa reconnaissance devant le résultat d'un dur labeur. La fermeture de son école a été soudaine et sans avertissement, si bien que nous ne savons pas exactement quels sont ses projets pour l'avenir (il semblerait tout de même qu'il souhaite ouvrir une autre école ailleurs, plus tard).